Takeshi Murakami
L'itw semi-ratée
Promis, je vous raconte en ps, la reason why du titre.
Mais commençons par le plus important: la partie non ratée de l’interview. Parce que Murakami rend hommage à Klein à la galerie Perrotin et qu’évidemment nous y sommes allés, et qu’évidemment … MU-RA-KA-Mi ! Vous connaissez certainement le Monsieur, et son œuvre. Je n’arrive plus à dire si j’adore, tellement il fait partie de … « moi » ? Son univers coloré, facétieux, puissant, inquiétant, monstrueux, irrévérencieux, hyper médiatisé, fait finalement partie intégrante de mon environnement visuel et culturel. C’est comme un référent… Mais si je l’aime.
Alors voilà, on se pointe au vernissage et Murakami est là. Il est tout sourire, pose hilare devant ses tableaux les doigts en « V », est introduit tour à tour à des gens qu’il ne connaît pas mais qui vraisemblablement comptent « you know she is very famous blablabla ».
Yannis me dit « allez, vas-y ! » mais moi j’arrive pas à faire ces trucs là. Mais en même temps, c’est MU-RA-KA-Mi quand même ! alors du coup, je me bouge un peu et me lance.
»
Timai : hum hum… Hi! nice to meet you. I am blablabla (= not famous)… Why Yves Klein?
Takeshi Murakami : I know his work for a very long time. We have that passion for colours in common. But when I was a student in Tokyo, and was learning about him, I was saying : « hey monochrome, I can do the same (il mime le geste de passer un rouleau sur une toile), it is so easy! ». But actually Klein at his time was the first to explore and show the mediumnic power of colour, thanks to monochrome. (Je connais son travail depuis très longtemps. Nous avons la même passion pour les couleurs. Mais quand j’étais étudiant à Tokyo et qu’on me faisait des cours sur lui, je disais : hey les monochromes, je peux faire la même chose (il mime le geste de passer un rouleau sur une toile), c’est trop facile!)
T : aha…
TM : it is like the impressionist tradition before or Buddhism : colour is a very serious thing ! A monk told me about the power of colours. It is about meditation, a way to get out of yourself. (C’est comme la tradition Impressionniste avant, et le Boudhisme : la couleur est quelque chose de très important! Un moine m’a parlé du pouvoir de la couleur. Ca parle de méditation, une manire de sortir de soi-même. »
T : where are you with your superflat* concept ? (où en êtes vous de votre concept superflat?)
TM : Superflat follows me in all my work. it is like a cycle. Going back and forth. It is always a way for me to follow the japanese tradition of representation, from Edo period with Ukiyo-e** and printing technics. » (Superflat me suit dans tout mon travail. c’est comme un cycle. Allant d’avant en arrière. C’est toujours une maière pour moi de suivre la reprsentation traditionnelle japonaise, qui vient de notre époque Edo avec ses Ukiyo-e et ses techniques d’impression.)
T : are all these works silkscreened***? (toutes ces oeuvres ont-elles été sérigraphiées?)
TM : yes, as always. It is made with layers and layers and layers of different silksreened colours. It is a very long process of printing all these colours together. (oui comme toujours. C’est fait avec des couches et des couches et des couches de différentes couleurs sérigraphiées. C’est un processus très long d’impression de toutes ces couleurs)
T : Thank You very much (nan j’ai pas sorti un vieux « arigato » des familles)
TM : bye bye »
* SUPERFLAT est le concept esthétique inventé par Murakami. il se réfère à cette représentation traditionnelle japonaise superPlate, sans perspective, en la poussant dans cran. Car en définitive, lorsque vous usez de la couleur, certains éléments de facto vont « passer » devant : les plus clairs et les plus saturés. Lui avec toutes ses couleurs veille à ce que l’ensemble reste très plat, c’est à dire qu’il n’y a pas de hiérarchisation dans les messages colorés. rien ne vient devant, rien ne part derrière. Rien ne dépasse. oui, tout doit rester plat.
** l’UKiYO-E ou « images du monde flottant », sont les estampes japonaises de l’ère Edo (du 17e au 19 e siècle de notre ère) dépeignant la vie quotidienne des bourgeois japonais (et non plus de les guerriers ou l’aristocratie, car les estampes étaient peu chères à reproduire comparées aux peintures traditionnelles), notamment dans le quartier des plaisirs, avec tout plein de courtisanes et de scènes érotiques dedans.
*** SILKSCREEN veut dire sérigraphie. Cette technique d’impression est très longue car il faut un écran d’impression différent pour chaque couleur. il s’agit de grands tamis entièrement recouverts d’un liquide imperméable sauf aux endroits à imprimer. On racle chaque encre de couleur à travers ces tamis qui s’imprime alors directement sur la toile/le papier. Les toiles de murakami contiennent beaucoup de couleurs. il faut donc beaucoup d’ écrans. et surtout il faut les câler au bon endroit pour que la couleur ne dépasse pas de la forme qui lui est réservée. Sinon, poubelle.
Les oeuvres de Murakami sont des oeuvres exceptionnelles car, malgré ce processus très lent de fabrication, elles savent garder intacte toute l’énergie créative de son auteur. ça jaillit de partout.
Klein usait du monochrome car il voyait dans les lignes du dessin autant « de barreaux de prison ». Le monochrome, c’était la liberté. Alors on pourrait se dire que Murakami fait contresens avec toutes ses figures (fleurs ou crânes, finalement peu importe). Mais en fait, les peintures de cette exposition reprennent savamment ce concept de monochrome en … le détaillant de mille couleurs! lorsqu’on les regarde, le principe de superFlat reste bien vivace, et sert le propos. Et l’on voit et se projète sur une toile bleue, rose, or… Ca grouille très librement, et les « monochromes » bougent … « en eux-même »
——
alors… le ps :
ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!
alors, que vous voyez sur la première photo là-haut? hein dîtes moi un peu?
Mr Murakami + oim + un micro = la photo de Murakami répondant à une inteview rondement menée par oim, nan?
bah oui et non. c’est le début d’une vidéo-que-quand-t’appuies-sur-bip-pour-commencer-ça-fait-une-photo! et que comme t’es méga heureux et investi dans le tournage d’une vidéo qui n’a jamais démarré, bah on n’a qu’une photo.
aaaaah mais nan, on en a une deuxième-de-quand-t’appuies-sur-bip-pour-arrêter-ça-fait-une-autre-photo!
Hahaha. Je savais que j’allais en rire un jour.
Car oui en fait, l’itw n’est pas à moitié ratée pour ce problème technique sans importance. Mais parce que justement, c’était sans importance et que moi j’étais toute déçue. Toute déçue de ne pas avoir cette vidéo alors qu’elle n’était même pas prévue. Rrrrhooo la nulle! Ce qu’on peut être con parfois.
Ces émotions débiles m’ont fait oublier les toiles, la rencontre, Yannis qui avait tout fait pour que ce soit là (« euh poussez vous s’il vous plait, je filme là! »). J’ai raté l’occasion extra-ordinaire d’être extra-ordianairement contente. Avec tout ce qui était là à ce moment là, comment ne pas voir que le verre n’était même pas à moitié plein mais déjà over rempli?!!!
bah, je le remets en tips tiens! lâchons sur les imperfections!!!
Car en retranscrivant cette interview, je me rends compte que c’était bien qu’en même. non?
mille bises!
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19 commentaire(s)
j’adore ton récit et surtout le ps, comment on peut se « gâcher’ un moment de bonheur pour un détail, parce qu’on s’est focalisé sur le fait qu’il fallait que ça passe comme ça .. je peux être pareil et j’essaye de me dire apprécie le moment ( et parfois c’est pas si simple)
Hahahaaa, le bip de début et de fin, 2 belles photos! 😉
L’expo a l’air incroyable. Ces couleurs!!
A très vite,
Célestine
je ne connaissais pas cet artiste mais, tu me permets de le découvrir… Ce que je vois de ses toiles correspond à ce que j’aime bien dans l’art contemporain notamment le travail autour des couleurs très vives. Merci !
Argh, ça me rappelle moi quand j’ai attendu qques heures après la fin d’un concert pour avoir une photo avec le chanteur des stéréophonics , il arrive, clic ! Wouhouh je suis ravie ! et oh zut il n’y avait plus de pellicule !
Là tu as 2 photos, ton interview écrite et ce moment ancré dans ta tête !Tu t’en rappelleras peut -être mieux 😉
Je ne connaissais pas et j’aime !Merci
je l’aime aussi sauf quand il est sur des sacs a main…
un acte manqué hum c’est bon aussi
^pour revenir sur l’artiste le travail de couleurs est réussi mais pourquoi des têtes de mort
Oui c’était bien, ce n’est pas l’interview parfaite que tu voulais suite à ce souci technique (si ça peut te rassurer, ça m’est déjà arrivé à des moments où j’étais un peu trop stressée), mais il y a plein d’informations pertinentes qui ressortent dans ton article sur cette rencontre alors t’inquiète, c’est très bien.
Juste un truc, peut-être que je vais alors l’air un peu con de dire ça. Mais je pense que pour des passages anglais, ce serait peut-être pas mal de traduire. Perso, j’ai de la chance car je comprends très bien l’anglais. Mais je me dis qu’il y a potentiellement des personnes qui lisent, mais qui ne comprennent pas tout et que ce qui est évident pour soi, ne l’est pas forcément pour les autres. Donc voilà, j’arrête de faire ma reloud, mais je me dis qu’une chtite traduction pour une prochaine fois ce serait pas mal :-).
Bises !
peu importe , tu l’as vécu ce moment , c est l essentiel …
Voila qui est bien raisonne! Je suis entierement d’accord avec toi et au final pour nous, lecteurs/lectrices, on ne reste pas du tout sur une insatisfaction! La rencontre est bel et bien la, peut importe le medium.
Bises
excellent !
Une chouette interview et un grand monsieur (j’aime ces toiles si colorées !).
Mais surtout merci pour cette jolie leçon de vie à la fin de ton billet Timai, c’est une leçon que je dois absolument faire mienne !
ahhh merci les girls! oui je dois dire que c’était vraiment bien tout ça.
un verre plus que rempli!!!
j’ai mis la traduction en français!
et vous fais plein plein de bises!
En lisant l’interview je me demandais vraiment ce que tu lui trouvais de raté.
Puis j’ai compris.
Reste un grand moment dans tes souvenirs, et que par ailleurs tu as réussi à retranscrire donc à partager. Et puis on voit quand même que tes lèvres sont assorties à l’oeuvre rouge ;^)
J’aime ce Murakami (souvenir d’une expo à la Fondation Cartier il y a des années) et aussi son homonyme Haruki, auteur du double pavé « 1Q84 » que j’ai dévoré.
Ce « lâcher prise sur les imperfections » me parle complètement car c’est avec ton blog que j’ai compris qu’il n’y avait pas de règles strictes (de perfection) concernant le make-up et que finalement on suivait ses envies et ses gouts. Ce qui est me semble totalement évident maintenant et ce qui m’a permis un petit déblocage niveau make-up. Merci et merci aussi pour ton interview (toujours intéressant et d’avoir fait de votre mieux!).
Formidable interview, formidable article.
Vous avez parlé à MURAKAMI quoi!!! On dira que c’était un moment magique et éphémère, sans traces, mais que vous avez vécu pleinement, comme on vit une oeuvre d’art ici et maintenant tout en sachant que l’expérience restera unique.
Bravo à vous pour le courage d’y être allée et de nous faire partager. Vous êtes au top!
Les toiles sont vives et pleines de peps!
Mention spéciale au « ps »… 🙂
NowMadNow
Merci pour l’interview, pas si ratée à mon sens. Et merci pour la leçon d’art contemporain, très instructive. Je ne regarderai plus ses toiles de la même façon ! Très envie d’aller à la galerie Perrotin.
« Toute déçue de ne pas avoir cette vidéo alors qu’elle n’était même pas prévue. »
C’est l’histoire d’un type qui parcourt le Japon tout l’été pour photographier une chouette très rare. Il enquête, prend des notes, rencontre les locaux, les gardes forestiers, parcourt la campagne du nord au sud.
À la fin de l’été, au hasard d’une nuit, il finit par l’apercevoir: une fraction de seconde, elle s’envole, disparait. Absorbé par l’intensité du moment, il laisse son appareil au fond du sac.
De retour chez lui, il ne publiera finalement pas de photo de la chouette, mais un carnet de voyage.