Marie
20 ans
Vous connaissez la règle, retrouver une photo de soi à 20 ans et nous partager ce que l’on ressent. Marie, notre Chic Fille préférée, s’est rencontrée, alors qu’elle était autre. Et elle a quelques mots à nous dire…
« Qu’est-ce que je pourrais raconter de mes 20 ans? Qu’est-ce qu’ils auraient pu m’apprendre ces 20 ans là… Je ne suis même pas sûre d’en faire une analyse pertinente, de réussir à les contextualiser pour expliquer ce qu’est ma vie maintenant…
Malgré les quelques modifications physiques des années qui se sont écoulées, malgré l’attitude que je suis plus à même d’adapter en fonction de ce que les autres attendent de mon âge, je ne pense pas être chose que mes 20 ans.
Mais tout de même, si je devais parler de mes 20 ans, j’en dirais quoi?
Après un tri méticuleux, dans l’espoir de tomber sur la perle, des tas de photos relativement médiocres, certaines jolies, d’autres émouvantes, la plupart mal cadrées et assez floues, d’un quotidien qui n’est plus le mien et dont je me sens à la fois proche et loin, je n’en trouve aucune qui pourrait être montrable. Par montrable, je veux dire sur laquelle je serais vraiment jolie et qui me permettait de dire « que ma vingtaine avait de la gueule », un peu comme ces vieilles dames qui gardent un portait d’elle en sépia ou en noir et blanc de leur jeune âge et sur lequel elles sont canon. Chez moi, rien qui pourrait remporter le concours de la photo à mettre dans ma chambre quand je serai vieille pour me la raconter et dire que « moi aussi , j’ai eu mon moment époustouflant».
Je grimace sur quasiment toutes celles que j’ai regardées, si cet âge là était une photo, il serait grimaçant et ne se prendrait pas au sérieux, pas par goût immodéré pour la dérision, non, plus par peur que l’on se moque de moi. Je n’étais pas très à l’aise avec l’idée d’être moi au premier degré. A tout point de vue d’ailleurs.
Je me minimisais et en même temps, je parlais fort et riais à gorge déployée, parce qu’au fond, je ne tenais pas à être mise en valeur et surtout à me prendre trop au sérieux.
J’avais l’impression que rire perpétuellement de moi allait me protéger des moqueries éventuelles de l’autre. Alors sur la photo de ce post, naturellement, je grimace, c’est le soir, dans une Clio et je fume encore des clopes. Mes cheveux ont leur couleur naturelle, j’ai 22 ans, je porte des collant en résille qui avait fait un vague revival en cette année 2001 et une robe aussi, parce que ce soir là, je suis de mariage. De mariage en novembre peut-être, mais de mariage quand même. On fumait des clopes en écourtant Aznavour, Hier encore même (Hier encore j’avais 20 ans, je caressais le temps et jouais de la vie…) c’est dire si le mariage était guilleret… J’espère qu’on a enchaîné avec un « Les démons de minuit » sinon pourquoi avoir 20 ans si c’est pas pour chanter faux sur un tube des années 80… Vous voyez, encore là, je ne peux me raconter au premier degré!
La dérision de mes 20 ans, j’avais appris ça de ma mère, c’était la manière d’être au monde qu’elle m’avait transmise. C’était parfait, ça n’embêtait pas l’autre avec mes lourdeurs (elles étaient nombreuses à 20 ans) et ça ne me mettait pas en danger. Parce qu’à l’intérieur, j’avais la vingtaine un peu grave et, c’était très emmerdant parce que le monde entier semblait me hurler que c’était les plus belles années de ma vie et qu’il s’agissait d’en profiter, le reste étant forcément moins bien que ces 20 ans là… Finalement ce n’était pas vrai, il y’a mieux que 20 ans. Pour le moment, même si je continue à avoir peur de la suite, ça n’a été que mieux. Enfin à peu de choses près, certains moment étant plus graves que d’autres, mais il parait que c’est la vie et puis de toute façon, le grave présente cet avantage d’apprécier la légèreté à sa juste valeur. Mais ce dont je suis certaine, en tous cas à la hauteur de ma vie à moi, c’est que 20 ans c’est pas le mieux . A 20 ans tout se complexifie autour de soi et pourtant on en a encore une lecture simpliste (en tous cas moi, je n’avais pas de lecture subtile de mon environnement, que du noir et du blanc partout, que de la radicalité… C’était fatiguant). Alors plus le temps passe et plus le gris entre dans la vie et je trouve ça bien.
J’avais surtout peur à 20 ans… De globalement tout mais surtout de passer à côté de cet âge là, de ses promesses, de ses enjeux, de ses ambitions, de sa témérité assumée, de sa folie, de sa colère, de sa maladresse pour laquelle le monde a de l’indulgence, de sa force en quelque sorte… Et c’est finalement en me crispant autour de ce qu’on m’avait dit de la vingtaine que je l’ai regardée passer sans trop m’y impliquer.
Ce que j’en ai retenu, c’est qu’il faut lutter très tôt contre sa peur, que le courage est une des seules qualités valables, une des seules qui aide pour tout.… Il faut faire de son mieux pour être courageux à 20 ans.
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16 commentaire(s)
Merci Mai pour ce post. Les mots de Marie me touchent. Belle journée à vous 2 🙂
elle traduit bien les contradictions qu’on traverse à cet âge..c’est très sincère, ça fait du bien!
je voulais aussi te remercier pour ta nouvelle rubrique » channel » qui m’a permis de découvrir la vidéo de Dora, j’ai été scotchée!
J’aime beaucoup ces portraits « 20 ans ».
J’ai personnellement 23 ans et ça m’aide à y voir plus chair dans ma vingtaine, merci pour ces leçons de vie !
*clair
merci à vous et à marie! je vous embrasse tendrement
Pfiou. Marie tu me tues par l’a-propos de ce que tu apportes.
J’ai 25. Et je peux dire que je suis en plein dedans. C’est tellement juste.
J’en ai 27, et ma peur est si forte que j’en ai fait le sujet de mon blog. Mais, Marie, entre nous, quel courage il faut pour s’avouer qu’on a peur !! 😉
(c’est toujours si plaisant de te lire, encore plus quand c’est avec surprise sur le site de Mai)
ça me parle tellement…J’aurai trente ans cette année, je sors de cette décennie, avec une impression étrange. vingt ans, c’était un peu compliqué je trouve. Avoir cette espèce d’obligation d’être insouciant quand on ne l’est pas…Bref, je trouve que l’insouciance vient en vieillissant. Je grandis peut être à l’envers!
En tous cas, un grand merci, c’est touchant et c’est juste…
Je t’ai croisée à Ménilmontant il y quelques semaines. Je n’ai pas osé te dire bonjour sans doute par timidité. Je suis contente que tu aies ouvert un nouveau site , il est vraiment top ! Au plaisir de te revoir et même de faire un beautyportrait avec toi. Paula
je suis assez émue lorsque je lis les 20 ans de Marie (que j’adore aussi)…c’est peut être celui de cette catégorie qui m’a poussé le plus à la reflexion
à 20 ans, je n’ai pas l’impression d’avoir eu peur…bien au contraire j’ai foncé tête baissée parfois. Quand je regarde dans le rétroviseur de mes + de 40 ans, je me dis que j’étais bien insouciente, j’avais sûrement l’impression que le monde était à portée de main…mais j’ai surtout l’impression que c’était moins compliqué que maintenant.
Merci Marie pour ce joli partage
Vraiment trop de style, cette chic fille
J’ai 23 ans et tout ces portraits de personnes qui prennent du recul sur cet âge me font beaucoup de bien. Cette peur dont parle Marie je la vie quotidiennement en ce moment, et voir que quelqu’un là aussi vécu ça me donne beaucoup de courage justement !
Marie, c’est amusant, parce que je ne me reconnais jamais dans les autres ou leurs mots, ce que je lis souvent dans les commentaires de blogs, mais je crois qu’elle et moi nous ressemblons.
Oh mon dieu ! C’est carrément moi ! Je revois mon père à la table de la cuisine « Marion, tu sais, profite, ce sont tes meilleures années » et moi qui pensait « Bordel, j’espère pas. » Ce n’est pas moi, tout du moins, ce n’est pas ce que je veux être, je veux vite passer cette étape pour me trouver et toute cette pression qu’on me mettait, que je me mettais, ont fait que j’ai traversé cette période comme si j’étais spectatrice de ma propre vie. Merci pour ce portrait qui m’a fait découvrir un blog plein de subtilité et de profondeur.
Comme dit la chanson, hier encore j avais 20 ans..
http://www.monalbum.fr/Photo-TA7XHORK-D.jpg