Couleur
le Sens de la Gratuité
L’autre jour, Garnier m’a demandé d’écrire un texte sur la couleur pour le lancement d’un produit pour les cheveux. et je me suis dis que cette partie du texte pourrait vous intéresser. dîtes moi!
« J’introduis souvent mes cours en racontant à mes élèves l’histoire suivante : si vous regardez un film en noir et blanc, vous allez comprendre toute l’histoire, toute la subtilité des sentiments partagés entre les différents personnages. Les narrations n’ont pas besoin de couleurs pour se faire. Dans ce sens, la couleur est une sorte de gratuité, de don. Une sensualité, une sensibilité qui vous relie à l’œuvre, à l’autre, à la vie. Un paysage qui vous émeut sans rien avoir à vous raconter.
Et c’est ce « luxe », qui me plaît tellement dans la couleur. Lors de ma première formation sur les couleurs, je me rappelle être sortie en ne voyant plus le monde de la même manière, plus de ciel mais des camaïeux de bleus, plus de table mais des assemblages d’ocres et de bruns, plus de narration ni de concept ni de projection, mais du don et de la gratuité, à l’instant présent! La couleur telle que je la conçois, que vous la portiez sur votre visage, vos cheveux, vos vêtements, vos murs, oui la couleur je la conçois dans cette gratuité. Car dans cette gratuité (un pantalon noir coûte aussi cher que le rouge, la couleur « ne coûte rien »!) il y a de l’envie, du désir, une célébration de la vie et de la beauté. On lâche prise, on s’ancre dans un bonheur présent et abondant, on n’a plus peur de rien. On s’exprime véritablement… ENFIN!
paysage corse a quelques minutes d’intervalle
Cette idée de don se retrouve aussi dans l’universalité des personnes pouvant porter les couleurs. Quelque soit vos mensurations, votre âge, votre couleur de peau, votre couleur originelle de cheveux… Vous pouvez aimer et porter toutes les couleurs qui vous chantent. La chevelure peut même devenir dans certains cas la couleur la plus visible de votre corps entier. On peut donc chercher de la naturalité, mais aussi opter pour un parti pris fort qui va se porter comme une parure couronnant la tête. La chevelure, qu’elle soit argentée, rouge, noir, auburn, châtain… fait à la fois partie du corps, tout en s’en détachant. Cela m’a toujours fasciné cette autonomie de la chevelure, par rapport au reste du corps. Cette sorte de sillage coloré. Et quelque part, lui offrir une couleur, c’est se la réapproprier, et anoblir toute la silhouette d’une incroyable présence.
C’est jouer avec soi, son image, mais aussi jouer avec l’autre car la couleur, avant la forme, la coupe, est la première chose que l’œil voit. »
ça vous plait?! etc etc
allez je vous embrasse fort, et pars donner un cours à l’IFM justement! souhaitez moi bonne chance! mouah!
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56 commentaire(s)
Que j’aime t’entendre parler des couleurs ♥ !!
C’est marrant, je n’avais jamais réalisé qu’effectivement, les couleurs sont « gratuites », elles sont un cadeau pour les yeux, pour le moral, pour le sourire ♥
Et même lorsqu’elles sont bizarrement assemblées, et bien ça interpelle et c’est bien aussi (et comme on dit, tous les gouts sont dans la nature), lol
Merci pour le partage, Mai ♥
merci courbes généreuses! bises
OUI ! C’est très juste ce que tu dis, la couleur est un don. Le noir et blanc est plus conceptuel avec une échelle de gris infinie entre ces deux polarités. J’adore et suis sensible aussi bien à la couleur qu’au noir et blanc. Ce sont comme deux histoires différentes. Le noir et blanc m’emporte ailleurs, comme une histoire que l’on écouterait à la radio. La couleur est LA ! L’imagination voyage moins, mais la couleur nous offre tellement plus de couleurs !
La couleur m’emporte aussi ailleurs !
A noir E blanc, I rouge … le poème de Rimbaud est magnifique !
La lumière est complice de la couleur ; étrange de penser et de savoir que dans la nuit noire la couleur disparait des choses elles-mêmes et non de notre possibilité de voir ou de ne pas voir !
Une couleur n’est jamais la même suivant l’heure de la journée, la qualité et la direction de la lumière qui joue avec elle et le « met au jour ». Le paysage corse en est un bel exemple et la mer est comme un miroir.
Il est très très important pour son enfant et pour elle-même, qu’une femme enceinte mange des aliments qui transmettent de la couleur.
C’est une énergie, une qualité et de la vie en plus pour tous !
Sais tu pourquoi les zèbres portent des rayures ? 😉 Il y a une raison … !
Bien sûr que cela me plaît ! Il me plait de voir !
Bonne chance ! Mouah !
merci edouard! alors pourquoi les zèbres sont ils rayés?!
Tsé tsé … 😉
http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20140401.OBS2204/pourquoi-les-zebres-ont-ils-des-rayures-la-reponse-est-ici.html
oh wahou!!! merci ed!!! tse tse!
Waow il est beau aussi ce texte Mr Éd (allez je me.mermets)…?
C est vrai que la couleur change selon la lumiere.
Tiens je suis dehors et suis entouree de bâtiment orange bleu un autre jaune gris…eh bien pour le coup moi qui les vois tous jours…je les vois autrement…beaux
et voilà!
Et voilà ! 😉
Merci Damepoule, Merci Mai !
« Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche. »
https://www.youtube.com/watch?v=rvWu5cEIMg8
Se mère mettre pour Damepoule, se père mettre pour Mr Ed, évidemment … puisque TOUT est maître ! 😉
C’est drôle, en voyant ta photo avec ce zèbre, mon rêve est revenu. Deux énormes guêpes rayées noires et jaunes volaient dans une pièce !
hahahaha
Merci pour cette magnifique palette Mai (de couleurs de réflexions) et bonne chance pour ton colourcours! 🙂
En effet, l’infini des couleurs est un don fabuleux, un cadeau.
Est-ce que l’on considère toujours qu’il y a des couleurs qui ne vont pas bien ensemble? On a souvent entendu dire que le rouge et le fuchsia ne s’associaient pas, tout comme le bleu et le vert, le noir et le bleu marine etc. Il me semble qu’il y a aujourd’hui une joyeuse liberté à les mêler, et que les règles du « bon goût » sont autres. Je trouve d’ailleurs que les associations de ces « incompatibles » peuvent être très réussies. Dans la nature par exemple, les couleurs semblent bien se ficher de nos lois esthétiques. Un paysage corse mêle magnifiquement le vert et le bleu, un chemin de promenade va rapprocher une rose trémière pourpre, un vert prairie, un coquelicot, un bouton d’or (si la saison le permet 🙂 Et la liberté des couleurs de l’arc en ciel offertes après l’averse…
Oh O. ! 😉
Oh E!
« E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles »
😉
» O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
– O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! «
🙂
oh o oh e!!!!
oh mai ……. lord ! 😉
https://www.youtube.com/watch?v=8qJTJNfzvr8
toutes la question du bien est tellement centrale chez l’humain. on a dknx chercher des lois, des harmonies, comme en musique. c’était et sûre et ca à faut sens et puis ca a évolué. il y a donc bien des harmonies mais celles ci évoluent. il y a un goût qui s’eduque. il y a la nature qui nous dit ce qui est beau. il est rare que les couleurs naturelles d’un paysage, d’un plumage ou même d’un corps humain ne soient pas harmonieuse. c’est la nature qui le mieux nous éduque à la beauté. enfin… peut etre
Dans la musique, dans les sons, comme dans les couleurs, les ondes qui viennent chatouiller nos sens !
ça me rappelle mes envies actuelles de rouge vif, que je n’explique aucunement, mais comme un manque, dans ma garde robe aux couleurs « camouflage » !
Merci pour ce texte !
oui et l’appétit vient en mangeant paraît il… enjoy!!!!
Merci Mai pour tes mots, il m’ont transportés et c’est toujours un plaisir de te lire !
J’ai un rapport avec les couleurs que je ne m’explique pas encore totalement, elles me fascinent, m’apportent de la joie et du réconfort, parfois me détendent… Avec ton texte, j’ai l’impression de comprendre un peu mieux ce rapport que j’ai avec elles 🙂
oui les couleurs ont une dynamique qui a une action sur chacun de nous. c’est bien de se laisser porter!
Voir la magnifique expo consacrée à l’œuvre de Cy Twombly !
Magnifique de voir l’emploi de la couleur au fur et à mesure de ses années de vie.
oh bonne idée! merci
‘L’art lave notre âme de la poussière du quotidien » Picasso
La couleur lave notre âme ! La poussière est grise.
oui le gris a sa valeur aussi non?!
Oui ! puisqu’il intervient en grande partie dans les ombres qui, des plus claires aux plus denses, se marient plus ou moins, selon leur densité, avec toute la palette des couleurs.
As tu lu l’éloge de l’ombre de Junichirô Tanizaki ? Une lecture que je te recommande si tu ne l’as pas déjà lu.
… avec toute la palette des couleurs, « à l’intérieur » des ombres elles-mêmes.
Je n’ai pas été assez précis ( pour ne pas dire clair ! 😉 ) !
aaah merci Mai pour ce beau post. J’aime beaucoup lorsque tu parles de couleurs…
Tout le monde n’a pas le même rapport à la couleur et de ce qu’elle peut apporter de beau dans le quotidien. Je vois tes photos que je trouve magnifique, je sais que le bâtiment rouge, le blanc le gris je serais restée là à regarder la bouche ouverte sous les yeux médusés de mon entourage…ahahaha.
Je vois aussi que l’hiver est propice à mon grand désarroi aux couleurs sombres. Tu ne vois que du noir, gris, marron dans la rue et le métro…c’est triste..(.bon ok ça commence à changer un peu)
Et le mélange des couleurs concernant le vestimentaire ne se fait pas automatiquement. Moi j’aime le rouge et le orange…le noir et le bleu et je me souviens d’une période où l’on m’appelait « cocorico » (merci maman;;;ahaha).
Quant à la nourriture…ah les salades vertes…Mais non moi il me faut de la couleur, du mélange de rouge, de vert, de oranges…ça m’ouvre l’appétit en fait, pas vrai ?
Bref, ça fait du bien de lire ton post et de se dire « ben oui c’est vrai la couleur c’est gratuit » 😉
Merci Mai
oh en hiver et par temps de pluie ou de brouillard on a des choses tellement belles aussi. ne oas attendre le soleil pour s’émerveiller!!!! bisous!
Merci Mai pour ce très joli texte ! Ca me fait penser à ce joli livre pour enfants que mon fils Sacha aime beaucoup : http://www.babelio.com/livres/Lobel-Le-Magicien-des-couleurs/4676
;D merci!
Petit extrait 🙂
« Regardez les belles choses que je viens d’inventer ! » dit le magicien quand il eut terminé.
« Qu’est-ce que c’est ? « demandèrent les voisins.
« Du violet, du vert, de l’orangé… », dit le magicien.
« On en a la tête qui tourne », crièrent les voisins.
que c’est joli. qd je fais des ateliers avec des adultes, j’adore qu’ils puissent se remettre dans cet état d’esprit!
Merci Mai pour ce beau texte ! Il me rappelle le superbe (et un peu cruel) « petit poème en prose » de Baudelaire « Le Mauvais Vitrier » que j’aime beaucoup, et dont voici un extrait :
« « – Comment ? vous n’avez pas de verres de couleur ? des verres roses, rouges, bleus, des vitres magiques, des vitres de paradis ? Impudent que vous êtes ! vous osez vous promener dans des quartiers pauvres, et vous n’avez pas même de vitres qui fassent voir la vie en beau ! »
Et je le poussai vivement dans l’escalier, où il trébucha en grognant. »
Ô l’élégance d'(ap)porter la couleur, sur soi, chez les autres, dans la vie, dans ses oeuvres et dans ses textes !
Et la palette de l’expérience est infinie… Mon ami daltonien prend ainsi un immense plaisir à contempler des tableaux vibrants de couleur, et si l’herbe ne lui paraît pas verte, qu’importe ?
Coiffé sur le poteau par Ana !
Wow quelle drôle d’expression Édouard! Jamais entendu ça ici 🙂
Si j’étais baveuse (effrontée) je répondrais que j’ai clanché 😉
Ah ah ah ! Une expression qui vient des courses hippiques !
Clanché et baveuse ne se disent pas aussi ici ! 😉 Merci pour la traduction de baveuse ! 😉 je n’aurais pas trouvé sans celle-ci je crois !
Clanché, oui ! vous avez fermé bien involontairement la porte devant moi ! 😉
Cela a juste déclenché: moi, coiffé sur un poteau ! Drôle de tableau ! j’en suis encore tout décoiffé !
Hahaha j’aime l’image 🙂
Disons plutôt que clancher ne se dit plus ici !
hahaha quelle poésie lila! merci!! les daltoniens voient les clairs obscurs. et vibrent dans doute avec!!!!
Oh que c’est excitant ce texte.
Tu ouvres un nouveau langage pour moi. J’ai une sensibilité aux couleurs accentuée par ma formation en architecture du paysage mais là
je vais observer mon entourage en terme de couleurs. C’est un peu comme regarder les espaces au lieu des objets. Il me semble que c’est un bon exercice de pleine conscience en plus! Une couche de plus dans la générosité des couleurs.
Merci !
ah mais carrement! la couleur c’est totalement méditatif. ici et maintenant!
Qu’importe s’il voit couleur lila ! 😉
Le monde serait bien triste sans couleur. C’est bizarre mais le blanc et le noir me mettent souvent mal à l’aise. Notamment au cinéma, les films dans l’espace sont ceux que j’aime le moins. Le blanc aseptisé des navettes spatiales comme dans 2001 : l’Odyssée de l’Espace m’ont toujours fait froid dans le dos par exemple. A l’inverse, j’ai toujours eu une fascination pour les arc-en-ciels. C’est fou, je n’avais jamais vraiment penser à pousser de réflexion dessus. Mais en lisant ton texte tout s’explique, les couleurs sont gratuites, elles sont un don qui nous relie à la vie, aux autres qui nous permet de célébrer, pourquoi s’en priver ?! ^^
Le noir et blanc ont aussi tout un langage, à la fois sensible et hyper puissant (mon frère truc anh en est passé maitre dans sa peinture). c’est peut être pour cela que ca te mal à l’aise.
Jacques Prévert
» … Couleurs d’Utrillo, de Lautrec ou de Fernand Léger, quand la ville sans le savoir est un musée.
Couleurs de la photo en couleur si longtemps décriée par les amateurs éclairés.
Couleurs des palissades, des devantures, des portes et des fenêtres, des terrains vagues, des corridors.
Couleurs du mauvais goût mais du goût de la vie, couleurs du goût du jour et de la nuit.
Les peintres en bâtiment ne sont pas des peintres de la réalité.
Fraîche et violente, à l’instant même ou depuis des siècles craquelée, leur peinture les passants la voient comme en rêve sans jamais la regarder mais sur la cimaise des plus délabrés de ses murs et sans l’ombre d’une signature, elle n’a rien à envier aux innombrables et derniers chefs-d’œuvre de la néo-peinture informelle et haut cotée.
Couleurs de Paris.
Couleurs des Tuileries, de l’île Saint-Louis et du quai de la Mégisserie : gris tourterelle et gris de souris.
Couleurs du canal Saint-Martin : bleu d’outremer, d’outre-terre et du beau Danube bleu quand le Danube est bleu.
Couleurs de la gare Saint-Lazare à dix-huit heures un quart : gris acier, bleu de chauffe et noir de fumée.
Couleurs des quatre saisons de la rue Mouffetard à midi : rouge cerise, jaune citron, orange orange, vert pomme et rose radis.
Couleurs de Paris.
Les toits de l’Opéra sont verts, le Moulin-Rouge est rouge et Notre-Dame est grise et le Sacré-Cœur blanc.
Mais le Parisien ne voit plus ces couleurs, il est tout le temps dedans …. »
Mais le Parisien ne voit plus ces couleurs, il est tout le temps dedans …. » Prevert s’il était vivant aujourd’hui écrirait peut être : … il est tout le temps dans ses écrans !
ouh la la… si d’accord avec toi – mais comment alors me départir de mon noir vestimental que j’aime taaaaaaannnnnnnt 😉
bah, le noir, tant que tu l’aimes pourquoi t’en separer?
oui, mais le don de couleur, c’est beau 😉 Enfin, je garde mon noir bien sûr, mais je penserai avec plus de délice aux touches de couleur!
Pour moi la couleur, c’est d’abord MA couleur. La couleur, je la porte en moi, c’est la première chose que les gens voient de moi. Longtemps, je n’ai porté que du noir, comme pour mettre à distance ce monde coloré jusqu’à la peau dont je viens et m’ » intégrer » visuellement dans un univers urbain fait d’asphalte , de blanc, de bleu, avec quelques tâches de vert là où les arbres ont le droit de pousser. C’est en vieillissant que j’ai accepté la couleur. D’abord par petite touche, et parallèlement je renouais avec mes origines. Aujourd’hui je porte des couleurs, mon dressing s’est chargé, égayé, il est ce que je suis. Mes dessins aussi se sont colorés , je voyage musicalement. Quand je pense à mes jeunes années , je fais le lien entre mes problèmes d’identité culturelles et mon rejet de ce qui était coloré. Un gamin de 8 ans m’a dit récemment: » tu n’es pas noire , mais tu n’es pas blanche. C’est pas marron, je sais pas comment dire mais c’est joli. » il m’a pris la main et a longtemps regardé ma peau un grand sourire sur le visage. Je me suis dit qu’il avait tout compris, la couleur c’est pluriel: c’est un arc en ciel de nuances et c’est beau.
wow! merci sam pour ce partage et cheminement! merci!