MELISSA

20 ans

Oh voici bien longtemps que nous n’étions revenus sur cette série « 20 ans » si chère à mon coeur. L’année passée lors de notre atelier chez Seymour+, Melissa s’est evidemment prêtée au jeu. Alors Melissa, dis nous ce que tu as ressentie en te rencontrant alors que tu étais une autre.

*je précise pour ceux qui ne le savent pas que Seymour est le nom du père de Melissa.


La seule photo de moi que j’ai trouvée (qui m’a trouvée) ou j’avais environ 20 ans en est une avec mon père. Ce qui me surprend le plus c’est mon geste protecteur. Dans mes souvenirs je pensais que c’était lui qui me protégeais mais cette photo en dis l’inverse. Toute ma vie je pensais être faible et que c’était mes parents qui me portaient, mais en fait en regardant cette photo je vois que c’était eux qui comptait sur moi. Cette photo me replonge dans un passée dans lequel je m’occupais des autres avant de moi-même. Je vivais de l’extérieur vers l’intérieur, en reaction aux autres, à leur service. Maintenant je m’occupe toujours des autres car c’est ma passion, mais je le fais d’une façon plus saine et équilibrée…je m’occupe de moi d’abord, ainsi ma tendresse va vers l’autre sans attente de retour. Je verse maintenant d’un verre plein et non d’un verre vide. ‘L’eau’ que je partage est donc plus saine, plus propre. 

Le jour de la photo j’avais encore une fois travaillé très tard au bureau et je m’étais changée dans les toilettes du lieu de réception. Aucune possibilité de féminité ou de moment pour me choyer un peu. Je me reconnais à peine, j’ai l’impression que c’est quelqu’un entièrement autre. Ce qui est étonnant c’est que j’étais heureuse à cette époque car je ne savais pas encore de quoi j’avais êtée privée. J’étais en cage sans le savoir.  

Depuis j’ai découvert la vie, une vie libre ou je peux être moi-même et faire confiance à mes propres idées, sentiments, et instincts. Le chemin depuis a été rude mais je ne le changerais pour rien au monde. Dans mon cas je me sens nettement mieux, plus belle, plus épanouie, plus forte, plus douce, plus ‘moi’ aujourd’hui à 48ans que je ne l’étais à 20ans.

Les photos ne nous viennent pas par hasard, celle ci est très parlante- tete à tete, nous avons l’air de jumeaux con-joint. Je pense que j’ai encore du travail à faire avec le passé.  Il faut que je penche un plus sur cette histoire avec mon père. Le lien énergétique est encore très fort. Peut être avec son corps prisonnier de sa Sclérose en Plaques, essayait t il de me transmettre ses idées, une partie de son âme… afin que je puisse continuer à les porter dans le monde?

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Il y a 8 ans / Bouche 10 commentaire(s)

10 commentaire(s)

  • Très beau moment de reconnexion avec le passé, beaucoup de douceur et de tendresse de la Melissa actuelle pour ces deux êtres, je lui souhaite de poursuivre son si riche chemin vers la paix et l’amour.

  • Bonjour ines, pour rappel Melissa est américaine. Pour rappel aussi elle PARTAGE ici un bout de son cœur. Je me permets cette réponse à ton com car peut être devrais tu faire attention à ta reaction et qu’évidemment si tu veux bien m’aider en m’envoyant un texte corrigé, ca nous aiderait énormément. Le tout avec bienveillance. Merci à toi.

  • Bonjour à vous deux, cet instant « fossilisé » est effectivement, au delà des mots, très parlant. Un infime instant avant ou après, tout autre chose aurait pu être « dit » ! Sensibilité et présence de celle ou celui qui a cueilli cet instant !
    Etonnant le faculté de ces instants de nous « replonger dans un passé » éclairé par la lumière du présent, comme si une partie de nous différente de celle d’aujourd’hui s’y reconnaissait même « à peine (!) ». Un père prisonnier penché vers sa fille en cage, une fille qui souhaite maintenant se pencher vers son passé pour éventuellement pouvoir approcher ce qu’il souhaitait lui transmettre. C’est très touchant ! Père pris au nier (< ? je me permet cette proposition de lecture qui n'est pas forcément adéquate, à fortiori pour une anglophone), fille qui niait les clés de son équilibre.
    Des liens très forts. Encore ! crient les corps dans l'intimité ! La conscience du mystère de l'autre.
    Des " jumeaux con-joint " Etonnant ce mot "con-joint" adossé à jumeaux, avec en plus ce trait d'Union ! Les mots ne sont pas innocents. Jumeaux eaux maux (< elle est facile et peut même être très agaçante, tellement cette analogie est rabattue !) ! Toujours est-il que l'on ne peut pas faire l'impasse des maux.
    Qui a dit, "je suis venu apporter l'épée et non la paix" ? L'épée pour trancher les liens qui nous emprisonnent et aller vers sa liberté.
    Nous sommes des êtres de peu qui donnons habile-ment et habituelle-ment le change. Nos coupes se vident et se remplissent au milieu des mondanités et dans notre intimité. Oui ! à nous d'être attentifs au niveau de l'eau ainsi qu'à la source dans un monde de plus en plus liquide (liquidations, sujets/objets liquidés, le capitaine du vaisseau n'engage plus, et l'engagement, le dur désir de durer à deux est devenu rare)
    Qui peut mieux que Mélissa voir ce qu'il y a derrière ses/les mots et cette photo ?
    Mes pensées et mes mots … comme ça, au plus près, je l'espère, de ce que je vois, lis et ressens d'où mes digressions !
    Merci à Mélissa pour le dévoilement de cette intimité, et à toi, Mai, pour la relayer.

  • Comment ne pas penser à Avedon, à sa fascination pour le pouvoir, la mort et le déclin du vieux monde qu’il a photographié à l’occasion du bal Volpi à Venise pour la revue Egoïste ? Le traitement n’est pourtant pas le même, le regard factuel et sans concession d’Avedon ne s’est pas attardé sur la tendresse bien présente, dans la photo de Mélissa et son père ! Je me suis demandé si le texte écrit par Mélissa était en anglais ou en français, ou un mélange des deux. (très belle expo d’Avedon à la BnF qui a saisi avec humanité les apparences qui ne sont pas trompeuses. Et rien que pour Audrey Hepburn et tant d’autres !) Belle journée !

  • Mercii merciiii de faire pour ce témoignage qui me parle tant… cette cage m’est très familière. C’est ma maison. Je m’y sens mal, comme ça devait etre le cas de Mélissa. Mais je ne trouve pas la clé pour en sortir. Et lire que Melissa a su trouver le chemin qui l’a menée à sa paix me rassure tellement! On peut prendre soin des autres en sachant s’aimer! Allez, je continue à chercher!!

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