Spinoza
Bouddha des Philosophes?
Je sais pas pour vous, mais la philosophie, comme matière intellectuelle et conceptuelle me parait totalement hors de portée. Donc lire l’Ethique pour moi, c’est juste extra-terrestre. Du coup, je suis super heureuse que Philosophie Magazine ait sorti un hors-série sur Spinoza car j’avais depuis très longtemps envie de connaitre sa pensée.
Donc, je ne suis pas une philosophe et vous n’allez pas lire un post sur Spinoza mais uniquement sur ce que je comprends d’une lecture à son propos.
OUI J’AI BESOIN DE ME JUSTIFIER!
1/ Les corps et l’esprit sont inséparables
On s’oppose totalement à l’approche Cartésienne qui séparerait l’un et l’autre (pour tenter finalement de les réunir). Le corps et l’esprit ne font qu’un et les manifestations du premier ne sont pas assujetties à la pensée prétendument supérieure de l’autre. Cela correspond parfaitement à ce que la thérapie corporelle m’a appris : parfois, tu dis que tout va bien, alors que ton corps est tout tordu et que ça te fait chialer : ton corps ne ment jamais. l’esprit en revanche…
Il faut donc connecter et faire dialoguer l’un et l’autre. Notre société a tendance à bloquer les corps et à le confiner au sport, aux faibles d’esprit, au mieux, au cul. Mais c’est tellement plus vaste et plus riche que ça!
2/ il n’y a ni bien ni mal, mais du bon et du mauvais
Le sous-titre n’est pas de moi mais du philosophe Clément Rosset, car on compare les enseignements de Spinoza à ceux de Bouddha et il est vrai que nombre des choses lues dans le mag m’ont rappelé ce que mon père m’enseignait (en reprenant bouddha hein, j’en suis pas à confondre les 2). Là encore, on s’oppose à Descartes, car il n’y a pas de morale. Nous sommes tous une essence, qui cherche à se développer. une rose qui cherche à éclore, pour devenir… rose. Cette essence a comme sa logique intérieure. Elle est nourrie par des passions, dont les 3 modalités sont le désir, la joie et la tristesse.
Le désir est l’essence même de notre être. La joie augmente notre être, notre puissance (nous avons plus de d’envie, de générosité, de pouvoir de création lorsque nous sommes joyeux), la tristesse nous réduit (nous n’avons envie de rien, réduisons notre capacité d’action, détruisons).
Il n’y a ni bien ni mal là dedans. tout est causalité. j’adore. J’ADORE!
Un désir sera toujours parfait, il ne sera donc ni bien ni mal. De même l’objet du désir est ni bien ni mal. il sera bon si je le désire : un fruit n’est ni bon ni mauvais, c’est notre désir un dégoût qui le rend bon au mauvais. et si l’objet n’est pas une pomme, mais un poison (/une pomme empoisonnée), on voit que le désir reste parfait mais qu’il va réduire notre être, notre puissance. il est mauvais pour nous. A nous de comprendre pourquoi on n’arrive pas à lui resister. car…
3/ on peut amadouer nos fauves
La morale classique demande à l’homme de faire le bien en dominantses passions. Spinoza, à 23 ans se faire exclure de la communauté juive pour ses idées a-morales. Les passions sont parfaites. Elles obéissent juste à leur propre essence. Il ne faut donc ni les dominer, ni les faire taire, au risque d’être dominées par elle (> perversion!) il faut les amadouer, apprendre à les connaitre car…
4/ la liberté vient de la connaissance de soi
On avait parlé du Dark Side, et on retrouve cette notion chez Spinoza. La liberté ne vient pas de la possibilité d’aller à droite ou à gauche, elle ne vient pas d’un droit extérieur qu’il nous serait donné, elle vient de la connaissance profonde de soi. Nous sommes un espace, à nous d’aller visiter chacun de ses recoins, d’établir notre cartographie la plus intime. On en avait parlé avec Klein qui nous invite à découvrir l’infinité de notre sensibilité intérieure.
C’est alors que nous pouvons choisir « consciemment », sans qu’une partie de nous dirige les opérations. Le fameux « je ne me reconnais pas, je suis pas comme ça ». beh si, tu l’es. Fais ton taffe maintenant!
putain mais c’est génial, GENIAL! (oui ça donne envie de le talocher!)
Dans le mag, le philosophe Baptiste Morizot, rapproche Spinoza d’un poème amérindien que j’avais déjà lu dans Play From Your Fucking Heart :
» « En tout homme, il y a 2 loups, dit le vieux sachem. Un noir et un blanc.
Le noir est sûr de son dû, effrayé de tout, donc colérique, plein de ressentiment, égoïste et cupide, parce qu’il n’a plus rien à donner.
Le blanc est fort et tranquille, lucide et juste, disponible, donc généreux, car il est assez solide pour ne pas se sentir effrayé par les événements. »
Un enfant qui écoute l’histoire lui demande :
« – Mais lequel suis-je alors? »
– Celui que tu nourris. » »
Merveille, courrez, courrez lire ce hors série Spinoza, amadouez votre loup noir et nourrissez le loup blanc qui est en vous.
Philosophie Magazine – Hors-série Spinoza, Voir le Monde Autrement
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29 commentaire(s)
« You are the best. You are the worst. You are average. Your love is a part of you. You try to give it away because you cannot bear its radiance, but you cannot separate it from yourself. To understand your fellow humans, you must understand why you give them your love. You must realize that hate is but a crime-ridden subdivision of love. You must reclaim what you never lost. You must take leave of your sanity, and yet be fully responsible for your actions. »
– Gnarls Barkley, in a letter to the legendary rock critic Lester Bangs
Sublime… Merci Roxane
Spinoza lancait déjà la sophrologie…. l’harmonie du corps et de l’esprit…
Belle journée Mai!
C’est frappant
Si tu vas du côté de la danse, tu retrouves aussi tout cela. Le danseur/se contemporain travaille en permanence avec le corps et l’esprit, se connecte et cherche l’harmonie ou pas…pour obtenir un langage particulier du corps
Je suis convaincue de la premiere heure!!!
Mon chéri est boudhiste (Sri-Lanka) du coup il m’en parle beaucoup et je me suis beaucoup renseignée par moi même. Et une des réflexions que je mettais faite c’était justement que les enseignements de Bouddha ressemblait beaucoup à ceux d’Aristote et Socrate, je connais assez mal Spinoza, mais ça me donne vraiment envie d’en savoir plus. J’ai toujours adoré la philosophie mais c’est en effet pas toujours très accessible et surtout ça m’a toujours demandé une concentration très particulière.
J’adore! Mon pere etAnt bouddhiste, Je suis au fait de pas mal de ces idees. Xxx
WAOUW! Du coup, je me commande aussi le hors-série sur Hannah Arendt, celui sur Proust et celui sur Nietzsche! Bam!
J’ai le premier et vais m’y mettre! Yes!
Bonjour Mai,
Quelle belle coïncidence car j’aime te suivre ici, et en ce moment, sous la douche (oui la douche m’est un grand moment personnel de réflexion !) je me passe les cours de Deleuze sur l’Ethique de Spinoza. C’est grand, brillant, drôle, éclairant, et si concret en même temps….je te souhaite une belle soirée.
https://www.youtube.com/watch?v=EK2u798HgK4
HahahA, merci pour le lien Je vais aller ecouter (après la douche Prut etre???)
Je suis justement en train de lire le livre d’André Comte-Sponville, « Le sexe ni la mort », il y cite beaucoup la pensée de Spinoza 🙂 (le livre en lui même est sur l’amour, ses différentes « sortes » et sur le sexe). Je te le conseille, c’est super bien! (ses autres livres sont bien aussi, très bien écrit mais néanmoins abordable même en n’ayant que de maigres bases de philo). bises!
Merci!!!
Ouais!! encore de belles lectures en perspective! Je ne lis pas de philo mais je l’écoute, si tu as l’occasion, sur France Culture, l’émission Les nouveaux Chemins de la connaissance est top.
Abordable et en même temps exigeante, les journalistes sont super et les intervenants toujours compréhensibles car bien questionnés, et tout ça jalonné d’extraits lus, un régal!
http://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissanceMerci merci pour le partage!!
<3
Merci. J’adorais aussi les emissions d’enthoven sur arte.
La liberté vient de la connaissance de soi, amadouer les fauves, lier corps et esprit, je suis convaincue. Merci Maï pour ce partage de pensées, de lectures. C’est inspirant.
Merci!!! Allez Sonia!!!
Bel article
Le plus beau dans tout chemin c’est que la vie nous apporte le beau miroir quand nous sommes prêts, quand nous sommes allés à lui
On peut forcer une compréhension, mais elle ne sera jamais aussi bien intégrée, acquise, placée dans nos cellules que lorsque nous en aurons fait l’expérience, alors la magie opère
Merci hadda!
Mai colordesigner, Mai blogger, Mai video director, Mai philosophe, toutes fantastiques!
Merci quel joli post tout comme celui sur Jerry!
De nombreuses soirées debriefing en perspective!
Tendres baisers
Hahahah!!!! ❤️❤️❤️
Merci pour cette jolie synthèse !
J’ai toujours vibré à la pensée de Spinoza.
Pour ce qui est de lire de la philosophie, je pense qu’il faut seulement y plonger, mais ce « seulement » peut être un pas difficile. Il y a d’excellents passeurs, des éclaireurs, mais à mon sens cela ne procure pas tout à fait la même joie que de lire directement l’auteur. Lire de la philosophie, cela s’apprend, mais cela demande du temps, de la patience, une concentration certaine, de la bienveillance envers soi-même quand (souvent) on ne comprend pas tout tout de suite…Personne ne saisit cette pensée immédiatement, pas plus les philosophes de formation que les autres. Mais ces derniers ont appris à s’entêter, à reprendre, à revenir sur le texte. C’est un bel exercice et une discipline, comme la méditation, comme la danse évoquée plus haut. Notre époque ne nous apprend pas vraiment à le faire, mais je jeu en vaut la chandelle !
Ouvrir l’Ethique et commencer à lire, c’est déstabilisant, assurément ardu, mais c’est un beau voyage.
Si le livre entier te fait un peu peur, pourquoi ne pas commencer par des extraits, en ouvrant un vieux manuel de philo de terminale ? Quand on apprend une langue étrangère, on début avec de petites choses, des articles de journal, pas avec des romans de 500 pages…
Quand j’ai vu ce hors série il y a quelques semaines dans ma presse, je l’ai tout de suite acheté. La pensée de spinoza m’intéressait aussi, mais ça me semblait inaccessible.. J’ai trouvé ce magazine très inspirant! En ce moment, je lis « femmes qui courent avec les loups – histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage » de clarissa pinkola estès. A travers des mythes et des contes, l’auteur nous fait nous questionner sur la femme sauvage et créatrice qui est en chacune de nous! C’est un livre qui ne se lit pas d’une traite mais qui donne envie de l’ouvrir à n’importe quelle page et de temps en temps! Je te le conseille vivement car parfois certains passages me font penser à toi!
Je l’ai depuis longtemps mais ne l’ai jamais lu. Faut que je m’y mette! Merci Anouck!!!
Très intéressant ce hors-série que j’ai acheté à sa sortie ! Merci Mai, de l’avoir relayé !
Pas beaucoup de temps, là maintenant ! Un petit mot, bientôt. Très belle journée !
Je me suis demandé à première vue, quel était ce rouge sur sa figure ! Ben oui, évidemment ! 🙂
Bonjour Mai
Merci à Spinoza d’avoir été et d’être toujours là, même déguisé en un Homer Simpson déjanté, la tête à la renverse et du RAL plein la bouche !
Plus sérieusement, ta synthèse me parait très juste !
Une philosophie de la joie.
Acquérir la vraie connaissance de nos passions ! Vaste programme.
Nos passions de joie qui augmentent notre puissance d’agir et nos passions de tristesse qui la diminue !
Très envie de lire « Spinoza avait raison » sous titre : le cerveau de la tristesse, de la joie, et des émotions d’Antonio Damazio.
Ce livre aussi : Sigmund Freud – Benedictus de Spinoza de Michel Juffé.
Bien aimé aussi ce qu’a dit Christophe Massin : comme le dit Spinoza, la raison, qui aide à discerner, n’est pas un moteur suffisant à la transformation.
Le désir est le moteur de la transformation.
On ne peut quitter un désir mauvais que si l’on peut susciter un autre désir meilleur pour nous.
Le raisonnement ne viendra pas à bout des émotions et des désirs. Un intérêt plus grand doit être contracté.
Et cette vidéo avec André Comte Sponville que j’admire :
L’amour est joie.
http://www.dailymotion.com/video/x3pqbpj
Très belle Journée !
Oups … qui la diminuent !
3 autres livres FOR MI DABLES d’ACS :
-«Petit traité des grandes vertus’ (la politesse, la fidélité,…l’humour, l’amour, au total 18 vertus décrites et analysées. Son discours n’est jamais moralisateur.
-«Le goût de vivre et cent autres propos » Une compile d’articles de presse.
-«De l’autre côté du désespoir – introduction à la pensée de Svâmi Prajnanpad ». Particulièrement touché par celui-ci.
Pas lu d’autres livres à part « le sexe ni la mort « . Super aussi !
Et d’accord aussi avec Juliette Iocha à propos des « chemins de la connaissance ».
« Les racines du ciel »(toujours sur France Cul) était une super émission. Elle avait la spiritualité pour objet. Celle sur Spinoza est vraiment très enrichissante :
https://www.youtube.com/watch?v=owd_EhQb2WE